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Maïmonide : Traditions philosophiques et scientifiques médiévales arabe, hébraïque, latine


17-20 juin 1997

Institut du monde arabe ; Villejuif, Amphithéâtre
Bâtiment O

BILAN

Les contributions présentées
à ce colloque ont permis de mesurer l’état des recherches “maïmonidiennes”,
dans divers domaines des études médiévales :

1 - Les sources et le contexte du développement de
la pensée spéculative de Maïmonide
 :
 M. Mahdi a présenté
les conclusions qui se dégagent d’une mise en parallèle des réflexions
d’al-Farabi et de certains développements du Guide des égarés.

 H. Davidson a mis
en évidence que les références de Maïmonide à
la Métaphysique d’Aristote, contrairement à ce que laisse
croire l’indication explicite du nom d’Aristote, sont en réalité
des références à Avicenne, plus précisément,
à la Métaphysique du Shifa’. Ce fait, ainsi avéré,
n’est pas sans conséquence sur la perception que nous avons de l’attitude
de Maïmonide à l’égard de la philosophie.

 A.
Elamrani-Jamal a prolongé cette analyse de la “dette” de
Maïmonide à l’égard de la pensée avicennienne en inventoriant
les aspects avicenniens de sa doctrine de la prophétie.
 A.
Hasnaoui
a étudié les catégories inventoriées
dans le Traité de logique, tout particulièrement la notion
de istidlal (preuve au sens large), et l’usage spécifique qui en était
fait dans le Guide.
 H. Zafrani a montré
l’homologie frappante repérable dans la structure des deux sommes codificatrices
que sont le Mishneh Torah de Maïmonide (rédigée en
hébreu) et le Ihya’ ’Ulum al-Din d’al-Razali. Ces deux synthèses
théologiques s’ouvrent sur une analyse du statut du savoir (madda/’ilm).

 S. Stroumsa s’est interrogée
sur la littérature hérésiographique, telle qu’elle a été
exploitée par Maïmonide, en particulier l’usage qu’il fait de l’Agriculture
Nabatéenne
, attribuée Ibn Wahshiyya.
 P. Fenton, soulignant
l’importance de cette référence à l’Agriculture Nabatéenne,
y a relevé une interprétation inédite du récit d’Adam
et de l’Arbre de la Connaissance, qu’on retrouve chez Maïmonide.
 J. Kraemer a brossé
un tableau contrasté et vivant du milieu intellectuel au sein duquel
Maïmonide a évolué, au Caire, à la fin du XIIe siècle.

 M. 
Hayoun
a présenté le contenu d’un des rares commentaires arabes
suscités par le Guide, celui d’al-Tabrizi.

2 - Maïmonide et les sciences  :
 R. Rashed
a développé la conclusion selon laquelle Maïmonide, à
l’exemple de ses prédécesseurs depuis al-Kindi, trouvait dans
les mathématiques — dont il avait une bonne connaissance mais qu’il
pratiquait plus en philosophe qu’en mathématicien — un modèle
pour l’architectonique, des procédés de démonstration et
des moyens d’argumentation ; l’ordre de la géométrie apparaît
chez Maïmonide comme une condition de la certitude de la connaissance métaphysique.
 T. Lévy,
analysant les références mathématiques apparaissant dans
diverses œuvres maïmonidiennes (le Commentaire sur la Mishna,
le Mishneh Torah, le Guide), a suivi les modes spécifiques
selon lesquels Maïmonide adopte et adapte les connaissances mathématiques
à sa disposition : ici, invoquant la géométrie pour éclairer
une formule rabbinique elliptique ou pour rendre compte d’une controverse ;
là, proposant un "habillage" scientifique d’une prescription
légale (la fixation du mois lunaire) ; ailleurs, puisant dans des théorèmes
mathématiques une mise en cause des arguments du Kalam.

 R. Morelon
a interrogé la cohérence de la critique des modèles ptoléméens
dans le Guide, et souligné la maîtrise technique des procédures
opératoires - issues de Ptolémée ! - manifestée
dans le traité du Mishneh Torah consacré à l’apparition
du croissant lunaire, La sanctification de la nouvelle lune.
 T. Langermann a présenté
une vue générale de l’œuvre médicale.
 M. Nicoud, étudiant la postérité
de cette œuvre dans la tradition médicale latine, a indiqué
que le Regimen, destiné au fils de Saladin, n’a été traduit
en latin que tardivement (XIVe siècle) et semble avoir rencontré
un intérêt limité dans la pensée diététique
occidentale. Seuls les Aphorismes semblent avoir eu meilleure presse.

3 - Maïmonide dans le monde latin :
 W. Kluxen a présenté
un tableau des rapports entre la pensée maïmonidienne (Le Guide
est traduit en latin vers 1227) et l’orientation métaphysique des scolastiques
latins au XIIIe siècle.
 G. Dahan a détaillé
l’utilisation faite de Maïmonide par les philosophes et théologiens
durant deux moments de crise majeure de l’histoire de la pensée chrétienne
 : la crise des années 1270 qui aboutit aux fameuses condamnations décrétées
par Etienne Tempier en 1277 ; et la controverse dite des “correctoires”
autour de l’œuvre de Thomas d’Aquin.

4 - Réexamen de thèmes maïmonidiens :
 A. Hyman, réexaminant
la question du déterminisme selon Maïmonide, a exploité la
distinction entre cause et détermination : l’action résultant
du libre arbitre est “causée”, elle n’est pas “déterminée”.
Cette distinction, dont la base remonte à l’Éthique à
Nicomaque
, permettrait de réduire l’antinomie classique opposant
déterminisme et libre arbitre.

 G.
Freudenthal
, lui aussi, a plaidé pour l’idée d’un déterminisme
“partiel” (soft), en exploitant les références maïmonidiennes
aux théories scientifiques.
 J. Stern a distingué
deux formes de “scepticisme” chez Maïmonide, autrement dit deux
types de “limitations” de l’intellect humain : celle qui concerne
notre connaissance de la Divinité, et celle qui concerne notre connaissance
des cieux.
 R. Brague s’est interrogé
sur le statut du terme et de la notion de madkal (entrée, introduction,
relation, rôle), tels qu’ils apparaissent dans le Guide.

5 - La postérité de la pensée maïmonidienne
 :
 Z. Harvey a présenté
la critique philosophico-théologique opérée par Hasday
Crescas (XIVe siècle) à l’égard de la démarche maïmonidienne,
plus particulièrement la réfutation, par le penseur catalan, de
la preuve physique de l’existence de Dieu.

 M. Idel, par une analyse systématique
de l’usage du Guide (y compris dans l’enseignement) dans les cercles de la mystique
juive au XIIIe siècle, a attiré l’attention sur l’importance de
cet usage et l’effet qu’il a pu induire dans les controverses autour des idées
de Maïmonide, dans le monde juif médiéval.
 J.-P. Rothschild a décrit les
modes de lecture de Maïmonide adoptés par Juda Romano, dans l’Italie
du XIVe siècle.
 P. Morpurgo a présenté
les éléments d’analyse de la pensée politique de Frédéric
II permettant, selon lui, de conclure qu’elle s’est formée à la
lecture du Guide des égarés.

La publication des actes du colloque est parue
aux éditions Peeters (Paris) sous la responsabilité de R.
Rashed
et de T. Lévy.

 

LISTE DES INTERVENTIONS

  • Muhsin MAHDI (Cambridge, USA)
    Alfarabi and Maimonides
  • Charles TOUATI (Paris)
    Libre arbitre et déterminisme, science et providence divines chez
    Maïmonide : nouvelles perspectives
  • Herbert A. DAVIDSON (Los Angeles)
    Maimonides and Avicenna’s Metaphysics
  • Roshdi RASHED (Paris)
    Mathématique et philosophie selon Maïmonide
  • Abdelali ELAMRANI-JAMAL
    (Paris)

    Aspects avicenniens de la doctrine de la prophétie chez Maïmonide

  • Ahmed HASNAOUI
    (Paris)
    La terminologie logique du Guide et sa relation au Traité de logique
    de Maïmonide
  • Haïm. ZAFRANI (Paris)
    Lieux de sagesse judéo-musulmans : pensée philosophique et
    pensée juridique chez al-Razali et Maïmonide
  • Régis MORELON
    (Paris)
    Maïmonide et l’astronomie de son temps
  • Tony LÉVY (Paris)
    Maïmonide et les mathématiques
  • Tzvi Y. LANGERMANN (Jérusalem)

    L’œuvre médicale de Maïmonide : un aperçu général

  • Marilyn NICOUD (Rome)
    Maïmonide et la tradition médicale latine : la postérité
    de son
    Regimen sanitatis
  • Sarah STROUMSA (Jérusalem)
    Sabéens de Harran et Sabéens de Maïmonide
  • P. FENTON (Strasbourg)

    Une source arabe du Guide de Maïmonide : L’agriculture
    nabatéenne d’Ibn Wahšiyya

  • Michel GAREL (Paris)
    La philosophie en images : une copie enluminée du Guide de
    Maïmonide
  • Wolfgang KLUXEN (Bonn)
    Maïmonide et l’orientation métaphysique des scolastiques latins
    au XIIIe siècle
  • Gilbert DAHAN (Paris)
    Maïmonide dans les controverses universitaires du XIIIe siècle
  • Joël KRAEMER (Chicago)
    Maimonides’ Intellectual Milieu in Cairo
  • Maurice-Ruben HAYOUN
    (Strasbourg)
    Le commentaire d’al-Tabrizi sur le Guide de Maïmonide et ses
    versions hébraïques
  • Arthur HYMAN (New York)
    Was Maimonides a Determinist or a Libertarian ?
  • Rémy BRAGUE (Paris)
    La porte de la nature (Nature et Loi chez Maïmonide)
  • Josef STERN (Chicago)
    Two Types of Maimonidean Skepticism
  • Gad FREUDENTHAL
    (Paris)

    Maïmonide déterministe ?

  • Z.W. HARVEY (Jérusalem)
    Hasday Crescas contre Maïmonide sur la preuve physique de l’existence
    de Dieu
  • M. IDEL (Jérusalem)
    Mystical Interpretations of Maimonides’ Guide of the Perplexed
  • Jean-Pierre ROTHSCHILD (Paris)

    Juda Romano lecteur des écrits philosophiques de Maïmonide
    dans l’Italie du XIVe siècle

  • Piero MORPURGO (Vicenza)
    Maïmonide et la pensée politique de Frédéric
    II, au XIIIe siècle

Conférences de clôture :

  • Muhsen MAHDI (Harvard University, Cambridge, USA)
  • A. HAYMAN (Yeshiva University, New York, USA)
  • Gilbert DAHAN (CNRS, Paris)
    Maïmonide (1138-1204) et la pensée médiévale